J’avais beaucoup aimé "the project" de Peter Kosminsky, sans doute plus partisan, avec un angle différent, voici "l'Exercice de l'Etat" de Pierre Shoeller.
Tel un crocodile qui ouvrirait sa gueule et qui attendrait sagement que sont repas se jette dedans, l'état attire aussi bien à lui les parvenus, que ceux du sérail, les technocrates, que les arrivistes, mais aussi des hommes de convictions, d'autre aux ambitions aussi bien collectives qu'individuelles... tous sont appelés à être broyer par un système où la caste oligarchique reproduit et impose un mode de fonctionnement toujours plus dure et plus inhumain.
Dans ce monde, les clivages politiques sont absents, on a l'impression que le président de la République est un mixte entre Sarkozy et Hollande, où le chef du gouvernement est un maitre dans le maniement des ficelles. Les marges de manœuvre, les "prérogatives", se réduisent en peaux de chagrin, remplacées par le cynisme, la faute au manque de "capitaux", à "l'Europe" par ses directives. Les politiques ont capitulés et ils doivent désormais savoir comment s'y prendre avec "l'opinion" pour faire passer la pilule. L'ambition collective fait place au chacun pour soit. La jungle est impitoyable. Les ministres, s'ils ne sont pas du sérail, sont relégués à de simples figurants.
Au milieu de tout cela pour notre ministre dépité, une rencontre fortuite, un drame inattendu, une mutation salvatrice, mais au fond un renoncement toujours plus important, le faisant passer d'un être si proche de nous à un véritable ensuque politique ("on confie le sérail à l’ensuque" disait on si bien dans Ridicule). Un déni de soit qui rapport tout de même 14K€/mois plus les petits extras et qui permet de gravir les échelons et d'obtenir les totems pour les investiture.
Pas si surprenant sur le fond, le film prend quand même à la gorge. On comprend ainsi mieux comment des personnes sont réellement transformées par le pouvoir plus qu'elle ne transforme la réalité avec ce pouvoir.
Note : 6/10.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire