samedi 26 novembre 2011

Les neiges du Kilimandjaro

Comme ils dorment tous deux dans le berceau qui tremble !
Leur haleine est paisible et leur front calme. Il semble
Que rien n'éveillerait ces orphelins dormant,
Pas même le clairon du dernier jugement ;
Car, étant innocents, ils n'ont pas peur du juge.

Et la pluie au dehors gronde comme un déluge.
Du vieux toit crevassé, d'où la rafale sort,
Une goutte parfois tombe sur ce front mort,
Glisse sur cette joue et devient une larme.
La vague sonne ainsi qu'une cloche d'alarme.
La morte écoute l'ombre avec stupidité.
Car le corps, quand l'esprit radieux l'a quitté,
A l'air de chercher l'âme et de rappeler l'ange ;
Il semble qu'on entend ce dialogue étrange
Entre la bouche pâle et l'oeil triste et hagard :
- Qu'as-tu fait de ton souffle ? - Et toi, de ton regard ?

Hélas! aimez, vivez, cueillez les primevères,
Dansez, riez, brûlez vos coeurs, videz vos verres.
Comme au sombre océan arrive tout ruisseau,
Le sort donne pour but au festin, au berceau,
Aux mères adorant l'enfance épanouie,
Aux baisers de la chair dont l'âme est éblouie,
Aux chansons, au sourire, à l'amour frais et beau,
Le refroidissement lugubre du tombeau !

(les pauvres gens, Victor Hugo)


Le film raconte l'histoire de ces "pauvres gens", simples, dont le sens de l'humain l'emporte sur le reste. Dur pour ces hommes dont la rudesse de la vie met à l'épreuve le sens du bien commun. Là où certains s’égarent, d'autres tiennent la barrent malgré la tempête de la vie.
Qu'est ce qui anime la volonté inébranlable de certains là où celle des autres est inexistante... le sort de la vie est il juste pour tout le monde ? Le tirage au sort de la vie n'est il pas biaisé dès le départ ? Tant de question que Robert Guédiguian essaie de nous amener à réfléchir. Pourquoi ? La question que tout le monde se pose n'est pas si facile. Logos ou pathos ? La question n'est pas là, et le réalisateur ne les opposent pas ; la question concerne plutôt le sens de la vie, de la vie du collectif. La vie, cette suite de choix et de contraintes, voulues, subies, nous amène à ce que nous sommes.

Le film est vraiment touchant, on sent l'engagement qu'à Robert Guédiguian en défendant ses "pauvres gens". Moins noir qu'un Emile Zola et ses Rougon-Maquart on sent vraiment l'inspiration de Victor Hugo et on sent le film vivre à la fois par sa lutte sous-jacente que par son histoire touchante.

Note 7/10

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